Jean-François JacqueminCondoléance
Cher Alex,
La nouvelle de ton décès accidentel je l’ai reçue comme un coup de poing au foie lundi matin, en arrivant au Palais de Justice.
J’en ai été littéralement bouleversé et la tristesse m’a souvent, depuis lors, étreint le cœur.
Le samedi 20 septembre, à Agimont, l’émotion s’est encore accrue et c’est, outre l’hommage, l’amitié, l’humilité et le respect qui s’imposaient d’eux-mêmes, naturellement, sous ce soleil amical lui aussi, qui présidait la cérémonie en nous enveloppant tous d’une fraternité indéniable comme lorsque nous avons entonné la prière du père en se tenant par la main autour de toi, en enfants de Dieu…
Ton père n’a-t-il pas dit que tu étais parti dans la lumière ? Je suis assez de cet avis-là !
L’image qui m’a le plus marqué est incontestablement celle de ta sœur, au cimetière, qui, portant la minerve et tenant son petit bébé dans ses bras, était tout simplement grande et belle !
Je me suis dit : « Voilà encore un message de l’ami Alex, qui veut que la vie, plus forte que tout, soit au rendez-vous de sa tombe ! ».
Je garde de toi le souvenir d’un sourire indéboulonnable, de ton visage à la fois enfantin et oursonnesque ; celui où je t’avais donné mon sentiment sur la bonne façon de vivre le métier d’avocat… en totale liberté… et où j’avais ressenti chez toi, avec une pointe d’amertume, son infaisabilité immédiate… ; celui où, lors d’un repas somptueux, nous parlions de la dictature actuelle de la minceur et où tu m’avais suggéré (ce que j’avais accepté) de finir mon assiette ; celui où nous devions plaider un dossier ensemble, et où tu n’avais pas su venir car tu te tracassais pour ton frère qui, semblait-il, avait disparu, et où tu m’avais remercié au-delà de la norme parce que j’avais fait remettre l’affaire ; celui du respect qui orchestrait chacune de nos rencontres…
Humain, l’Alex, profondément humain, et épicurien, jouisseur de la vie… S’il n’y avait qu’une raison à notre fraternité, j’épinglerais celle-là.
Je salue, cher Alex, toute ta famille, tes parents, qui ont fait germer en leur sein une belle graine comme celle-là, ton frère et ta sœur, et ton petit neveu… et toi, je te dis : « A plus tard » car j’ai comme l’impression qu’on se reverra.
Jean-François JACQUEMIN